Le silence des agneaux
Lorsque la cruauté du monde, le chaos, le préjudice et la folie, la souffrance, la malhonnêteté, l'ignorance complaisante et les machiavélismes de bas étage, le vice, le fiel, les plaies et torts, l'avarice éternelle et la pléthore, la lâcheté de l'un ou l'inconséquence de l'autre, et le mal et la haine et la misère et la violence, la tuile, quoi, la tuile -- quand tout ceci me consterne et me prosterne, nauséeux, dans la fange de notre infâmie, une seule chose peut défibriller mon coeur morbide : le spectacle lénifiant de nos générations futures et leurs boucles blondes (ou de leurs crêpes noirs, même quand il y en a beaucoup, quoiqu'en pensent certains).
Car les enfants, seuls, ont ce trait primordial, ultime, qui plus que tout autre mérite d'être protégé : l'innocence.
C'est probablement ce que pensait également Marcus.
Comme le raconte cet article de Reuters, un établissement britannique avait mis en place un programme de "ferme éducative", à l'occasion duquel les écoliers étaient amenés à élever, depuis leur naissance, des canards, des poules, des lapins, des cochons d'inde, et un agneau que les enfants avaient baptisé Marcus.
Or pour le candide ovidé, l'Eden scolaire a reçu un arrêt péremptoire par le décret sans concession du conseil de l'école. Ce groupe de 14 élèves de 6 à 11 ans a en effet voté, à 13 voix contre une, de payer à la bête des vacances à l'abattoir du coin -- aller en camion, retour en barquette.
Objectif de la manoeuvre : employer les deniers tirés de la toison moutonnante pour se payer des cochons -- histoire que l'ouaille ne finisse pas en kébab pour des prunes.
Rien de personnel, Marcus ; les affaires sont les affaires.
Mais des activistes pour les droits des animaux, émus par le tour bouleversant que la vie et le hachoir réservaient à notre bêlant ami, se sont levés contre cette sentence fatale, tandis que des militants pour les droits de l'homme exprimaient leur inquiétude quant aux traumatismes que son application infligerait aux enfants (qui, donc, l'avaient prononcée eux-mêmes, mais bon...).
Malgré les haros et les hélas, le destin de l'animal semble cependant scellé : Marcus devrait finir en tranches medium rare ou en shepherd's pie. Quant aux cochons, prochains sur la liste, je ne donne pas cher de leur couenne.
L'ingénuité enfantine au bout du crayon de couleur : s'il-te-plaît, Monsieur, dessine-moi un méchoui.
Car les enfants, seuls, ont ce trait primordial, ultime, qui plus que tout autre mérite d'être protégé : l'innocence.
C'est probablement ce que pensait également Marcus.
Comme le raconte cet article de Reuters, un établissement britannique avait mis en place un programme de "ferme éducative", à l'occasion duquel les écoliers étaient amenés à élever, depuis leur naissance, des canards, des poules, des lapins, des cochons d'inde, et un agneau que les enfants avaient baptisé Marcus.
Or pour le candide ovidé, l'Eden scolaire a reçu un arrêt péremptoire par le décret sans concession du conseil de l'école. Ce groupe de 14 élèves de 6 à 11 ans a en effet voté, à 13 voix contre une, de payer à la bête des vacances à l'abattoir du coin -- aller en camion, retour en barquette.
Objectif de la manoeuvre : employer les deniers tirés de la toison moutonnante pour se payer des cochons -- histoire que l'ouaille ne finisse pas en kébab pour des prunes.
Rien de personnel, Marcus ; les affaires sont les affaires.
Mais des activistes pour les droits des animaux, émus par le tour bouleversant que la vie et le hachoir réservaient à notre bêlant ami, se sont levés contre cette sentence fatale, tandis que des militants pour les droits de l'homme exprimaient leur inquiétude quant aux traumatismes que son application infligerait aux enfants (qui, donc, l'avaient prononcée eux-mêmes, mais bon...).
Malgré les haros et les hélas, le destin de l'animal semble cependant scellé : Marcus devrait finir en tranches medium rare ou en shepherd's pie. Quant aux cochons, prochains sur la liste, je ne donne pas cher de leur couenne.
L'ingénuité enfantine au bout du crayon de couleur : s'il-te-plaît, Monsieur, dessine-moi un méchoui.