Badaboum nous voilà

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A l'occasion d'un périple en terres teutonnes, et en particulier de quatre heures d'attente à l'aéroport de Munich grâcieusement offertes par Lufthansa -- ils sont tellement attentionnés dans ces choses-là -- j'ai fini de dévorer le dernier rejeton du père Paccalet  (mangez des bébés, les initiés comprendront) : une jolie brique de 460 pages et quelques, écrites moyen gros, appelée Le grand roman de la vie (publié chez Lattès).

Dans cet ouvrage, Yves Paccalet s'adresse à Lucrèce, l'auteur de la Nature des choses (De Rerum natura), de philosophe à philosophe, se faisant comme un écho aux intuitions de l'épicurien -- enrichies de 2000 ans de raison scientifique (ou plutôt de quelques pics de raison bien étalés sur 2000 ans) -- qui résonnerait par delà les âges, comme à travers un trou de ver de Lorentz.
Il y reprend par le menu comment on passa d'un petit point d'énergie hyper dense, il y a 13.7 milliards d'années, à nos ancêtres yunnanozoaires, avec une pensée émue pour le Haikouichthys, le Poisson-haïku, du nom de ces petits poèmes japonais en trois saillies, dont il parsème son livre de variations francophones.
Rassure-toi, petit être humain orgueilleux, les bourdonnements de l'évolution, qui mèneront -- passage obligé, mais passage seulement ! -- aux zigotos que nous sommes, sont prévus au prochain numéro.
Et si je ne m'imagine pas être le seul à aimer surfer dans Le grand roman de la vie, page après page, entre supernovae et cyanobactéries, c'est que dans tout le détail de la complexité du monde, même si les mots "quarks" et "neutrinos" débaroulent à peine à la page 40, le père Paccalet parvient toujours à faire vibrer -- dans 11 dimensions bien sûr -- sa corde poétique.

Evidemment, on doutera de mon objectivité dans l'écriture de ce post -- ne serait-ce que parce que chaque exemplaire écoulé, ce sera déjà ça de moins sur mes épaules pour soutenir le paternel dans ses vieux jours.
Que l'on se rassure : de l'objectivité, j'en ai peu ; mais pas tant pour la raison que je viens d'évoquer : c'est que cette vision de la vie qui commença dans un Grand Bang, qui ne s'embarrasse pas d'un Dieu futile pour lui en assembler les briques, c'est celle qui berce mon entendement depuis que j'ai (quelques) neurones qui se touchent (par acétylcholine interposée, s'entend).

Pour ainsi dire, sur l'encre de ce livre se dit mon catéchisme -- mais un catéchisme qui renie le dogme et fait caca sur le péremptoire : la pensée scientifique est une maîtresse masochiste, qui jubile sous les cinglements du cuir cartésien, mais boude le skaï obscurantiste.
Je n'ai eu besoin, dans mon enfance, que d'un barbu pour me raconter de quoi était fait le monde. Et il est chauve.

De retour à Londres, je tombe sur les commentaires navrants d'un journaliste qui déplore l'arrêt annoncé de l'émission Big Brother sur Channel 4.
L'un des haïkus du Grand roman de la vie me revient en tête :

Milliards d'années
D'évolution pour finir
A la télévision.

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V
Il va quand même falloir que je me débrouille pour obtenir un exemplaire dédicacé cette fois. Il y a un pote qui est passé me voir à Leipzig dernièrement, je crois qu'il connaît l'auteur, je lui demanderai...
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©
<br /> A tiens ? Ca a l'air d'un type très bien, ce pote. N'hésitez pas à lui demander, M.Vichounet -- et à vous montrer généreux sur le pot-de-vin.<br /> <br /> <br />
M
Oui, "on" doute, "on" doute!!! Mais "on" doute avec plaisir, parce qu´"on" trouve la tribu Paccalet drôlement sympa. Et pas seulement cela: "on" puise un peu de réconfort dans les écrits paccaletiens, "on" se console provisoirement de la bêtise environnante, "on" se sent un peu moins paumé. Allez, pas de compliments chichiteux mais un grand merci, du fond du coeur.
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©
<br /> C'est un doute qui fait plaisir a lire !<br /> <br /> <br />